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Les trente tyrans






Généralités sur les tyrans

À partir des dernières années du règne de Valérien (253 - 260) jusqu'à l'avènement d'Aurélien (270), une kyrielle de généraux ou de politiciens profitèrent de l'affaiblissement du pouvoir central et des difficultés de l'Empire pour usurper le titre d'empereur. Certains revêtirent la pourpre par nécessité, afin de défendre plus efficacement des frontières menacées. D'autres ne s'émancipèrent de Rome que par cupidité ou par ambition, afin de s'accaparer les richesses d'une province ou, tout simplement, pour devenir "César à la place de César".

L'appellation "Trente Tyrans" qui désigne traditionnellement ces usurpateurs provient d'une comparaison très "tirée par les cheveux" de l'auteur anonyme de l'Histoire Auguste - recueil tardif (fin du IVe - Ve siècle) et souvent assez fantaisiste de biographies d'empereurs. Selon cet écrivain facétieux, ces généraux et politiciens qui tentèrent de renverser l'empereur Gallien auraient irrésistiblement fait penser au gouvernement oligarchique composé de trente nobles acquis à la cause de Sparte qui, après la Guerre de Péloponnèse (fin du Ve siècle av. J.-C.), opprima la cité d'Athènes vaincue et humiliée. Comme dit le bon Edward Gibbon : "Dans tous les points, ce parallèle est imparfait et ridicule ! Quelle ressemblance pouvons-nous apercevoir entre un conseil de trente personnes réunies pour opprimer une seule ville, et une liste incertaine de rivaux indépendants, dont l'élévation et la chute se succédaient sans aucun ordre dans l'étendue d'une vaste monarchie" (Histoire du Déclin et de la Chute de l'Empire romain, vol 1, chap 10)

Quoi qu'il en soit, voici cette fameuse "liste incertaine" des "Trente tyrans" selon l'Histoire Auguste :


Les faux tyrans

Afin d'arriver au nombre requis des "Trente Tyrans", l'auteur, aussi anonyme que facétieux, de l'Histoire Auguste, inséra, au milieu de biographies d'usurpateurs avérés de la décennie 260-270, celles, totalement fictives, de "faux tyrans".

Dans les notices précédentes, j'ai déjà eu l'occasion de parler d'Herennianus et Timolaüs, les deux fils factices du roi de Palmyre Odenath, de Maeonius, de Ballista, les hypothétiques fils des empereurs gaulois Postumus et Victorinus, ainsi que de Valens, Pison et autre Victoria Augusta, tous "tyrans" hautement douteux. Là cependant, l'intention facétieuse de l'auteur de l'Histoire Auguste n'avait été que peu visible : les "tyrans" étaient certes fictifs, mais ils n'en étaient pas moins reliés, peu ou prou, à des personnages ou événements historiquement avérés. Ceci explique sans doute pourquoi, nombre d'historiens ont soutenu (et dans certains cas soutiennent encore) la réalité de tel ou tel de ces "tyrans douteux" ou "faux tyrans".

Il n'en va pas de même pour les usurpateurs évoqués dans ce chapitre. Ici, le rédacteur de l'Histoire Auguste a lâché la bride à son imagination, à sa fantaisie, voire à son esprit polémique. Il serait dès lors assez oiseux de chercher dans ces exercices de style, parodiques ou satiriques, d'autre "intérêt historique" que le témoignage, ironique ou courroucé, d'un auteur païen et érudit du début du Ve siècle sur sa propre époque


Liste des tyrans



Comme on le dit couramment, "comparaison n'est point raison" ! C'est pourquoi l'auteur de l'Histoire Auguste, tout malicieux qu'il fût, se trouva bien embarrassé pour dénicher les trente usurpateurs requis.

Alors, comme le bonhomme était aussi inventif que peu soucieux de la vérité historique, il "arrangea" la biographie de certains personnages pour en faire des prétendants au trône. Pour d'autres, il "modifia" la chronologie pour déplacer le tyran à l'époque idoine. Et puis, comme cela ne suffisait sans doute pas pour atteindre "le nombre d'or" athénien, notre auteur n'hésita pas à créer de toutes pièces les "tyrans" qui lui manquaient encore… Et depuis, des générations d'historiens discutent, palabrent, colloquent, publient, se brouillent, s'embrouillent et de disputent afin de démêler les vrais "tyrans" des faux, ou pour distinguer les "à peu près authentiques" des "tout à fait à côté de la plaque" !

Voici, sauf erreur ou omission de ma part, ce qui est le plus couramment admis quant à la véracité historique de ces personnages. (Naturellement, les liens vous renvoient à des notices détaillées) :




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