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Pertinax

(Publius Helvius Pertinax, 192 à 193)



Pertinax serait né le 1er août 126.

Son père, esclave en Ligurie (région de Gênes), fut libéré par son maître et monta une fort profitable entreprise textile. Devenu riche, ce parvenu eut à cœur de donner à son fiston la meilleure éducation possible. Pertinax Junior fréquenta les bonnes écoles de Rome. Il suivit notamment les cours du célèbre érudit Sulpicius Apollinaris, qui, comme on s'en doute, avait l'art de rendre légères les plus indigestes des matières.

La tête bien remplie, le jeune Pertinax exerça quelque temps le métier d'enseignant. Mais cette promotion sociale ne le satisfaisait pas. Être prof c'était (déjà) vraiment un travail ingrat, mal considéré et surtout fort peu lucratif. Mieux valait encore entrer à la légion !

Et c'est ce que Pertinax fit. Grâce à l'appui de l'ancien maître de son père, il obtint un poste de centurion en Syrie et commença une longue et glorieuse carrière militaire.

Son ascension, au début du moins, fut assez lente… Mais elle fut continue.

En 162, il participa à la campagne de Lucius Verus contre les Parthes de Mésopotamie, puis fut transféré en Grande-Bretagne.

En 167, il prit le commandement d'un escadron de cavalerie en Pannonie supérieure (Hongrie), puis celui de la flotte de Germanie, où sa mère mourut.

Dans les années 170, il gouverna des provinces danubiennes (Dacie - Roumanie, Mésie - Bulgarie), participa aux guerres sanglantes de Marc Aurèle contre les Marcomans et les Quades, fut nommé sénateur, puis consul (suffect) et ne revint à Rome qu'en 179.

Le règne de Commode commença mal pour Pertinax : Pérennis, le favori de l'empereur l'avait pris en grippe. Il fut contraint de s'exiler quelque temps dans sa province natale de Ligurie. Là, il s'employa à remettre en route l'entreprise textile paternelle, arrondissant encore une fortune déjà fort consistante.

À la chute de Pérennis, Pertinax revint en grâce. Il se vit octroyer de juteux gouvernements de provinces, en Grande-Bretagne et Afrique. Enfin, il mit un point d'orgue à sa longue carrière (du moins le croyait-il) en devenant Préfet de la Ville, le poste sénatorial le plus élevé, et consul ordinaire pour l'année 192.

À la fin de cette année 192, Pertinax accepta de prendre part au complot contre Commode, fomenté par la jolie concubine de l'empereur, la Chrétienne Marcia. Le lendemain même de l'assassinat, il était proclamé empereur (1er janvier 193).

Les historiens antiques prétendent qu'il aurait hésité à ceindre la couronne impériale et qu'il l'aurait même offert au gendre du grand empereur Marc Aurèle.

Ce n'était là que modestie affectée !

Cependant, à mon avis, avant d'accepter ce poste à haut risque, Pertinax aurait dû mieux y réfléchir, car la situation n'était pas brillante ! Elle était même plutôt explosive :

D'une part, les frasques de Commode avaient mis le trésor à plat.

D'un autre côté, l'armée regrettait l'empereur assassiné et redoutait la sévérité de Pertinax.

Il fallait donc impérativement trouver des fonds pour boucher le trou des finances publiques et assouvir l'inextinguible soif d'or des soldats de la Garde Prétorienne.

Pertinax s'empressa de mettre aux enchères toutes les richesses accumulées par Commode (esclaves compris). Mais, après que le produit de cette vente exceptionnelle eut été distribué aux troupes menaçantes, il ne restait plus un sou dans les caisses. Pertinax fut donc contraint de s'en tenir à la plus stricte économie.

Naturellement, les Prétoriens ne l'entendirent pas cette oreille : Où était le bon temps de Commode, quand l'argent coulait à flot, quand la discipline était douce et la vie facile ? Ce tyran de Pertinax voulait-il les affamer et les voir s'étioler ? Ce n'était quand même pas ce pingre, ce vieillard avaricieux, cet ancien esclave pédagogue qui allait faire la loi à Rome ! Cet empêcheur de festoyer en rond allait voir de quel bois ils se chauffaient !

Ils sortirent alors de leurs casernes aux portes de la Ville, se précipitèrent vers le palais et se ruèrent dans les appartements privés de l'empereur.

Pertinax essaya bien de parlementer, il tenta de leur expliquer ses difficultés financières, il fit appel à leur sens du devoir, à la longue tradition de discipline des armées romaines... Il était presque parvenu à les convaincre quand un soldat plus excité (ou plus obtus) que les autres plongea son glaive dans la poitrine du vieil empereur. (À ma grande honte, ce soldat bouché à l'émeri s'appelait Tausius et était originaire de Tongres en Belgique).

Touché à mort, Pertinax se couvrit la tête du pan de son manteau et se laissa massacrer par les Prétoriens subitement déchaînés. Il n'avait régné que deux mois et vingt-cinq jours. (28 mars 193).



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