Après l'échec (programmé) d'Anthémius et la mort inopinée d'Olybrius, son autre candidat au trône de l'Empire occidental, l'empereur d'Orient Léon Ier ne renonça pas à intervenir dans les affaires italiennes. La conjoncture paraissait on ne peut plus favorable : le patrice Ricimer, l'homme qui, depuis plus d'une décade, faisait et défaisait les empereurs d'Occident, avait cassé sa pipe. Son remplaçant, le chef burgonde Gondebaud, paraissait plus soucieux des affaires de son royaume transalpin que de celles de la cour impériale. Bien sûr, à la mort d'Olybrius, il avait hissé sur le trône romain l'obscur Glycerius, un de ses soldats, mais on pouvait croire que ce fantoche, qui, intrinsèquement, ne valait déjà pas grand-chose, ne pèserait plus très lourd quand son protecteur Gondebaud s'en serait retourné au-delà des Alpes.
À l'instigation de son épouse l'impératrice Vorine, l'empereur d'Orient Léon Ier choisit donc Julius Nepos comme collègue occidental.
Ce Julius n'était autre que le fils de Marcellinus, un chef de pirates qui s'était taillé une principauté presque indépendante en Dalmatie (Croatie actuelle) et avait trouvé la mort lors de la désastreuse expédition d'Anthémius contre le royaume vandale d'Afrique du Nord. Julius Nepos était aussi le mari d'une nièce de l'impératrice, ce qui explique l'insistance de cette népotique Vorine à lui faire revêtir la pourpre impériale.
Fort de ce soutien et du départ de Gondebaud, parti voir quel temps il faisait entre Saône et Rhône, Julius Nepos débarqua au port d'Ostie, et se dirigea vers Rome. Le pauvre Glycerius, l'empereur fantoche du chef burgonde, épouvanté, fut bien content qu'en échange de sa renonciation au trône, on lui laissât la vie sauve. Julius Nepos lui offrit même, en guise de gratification, l'évêché de Salone (auj. Split en Croatie). Le choix de ce siège épiscopal était judicieux : cette importante cité dalmate se trouvait au cœur des possessions personnelles du nouvel empereur, celui-ci pourrait donc toujours garder à l'œil son rival évincé !
L'accession au pouvoir de Julius Nepos suscita de vives espérances chez le Sénat et le peuple romain. Elles furent déçues car, en un an de règne, le fils du pirate dalmate ne fit rien de valable. Il reconnut la possession de l'Auvergne à Euric, le roi des Wisigoths. Mais ce traité qui consommait la fin de toute autorité romaine sur les Gaules, ne faisait qu'entériner une situation déjà ancienne. Ensuite il entra en conflit, pour des raisons assez obscures, avec les barbares confédérés qui "défendaient" cet empire romain désormais réduit à la seule Italie.
Sous la conduite du patrice Oreste, ancien secrétaire du roi des Huns Attila, les Barbares mirent le siège devant Ravenne, où l'empereur s'était retranché. La ville était réputée imprenable, mais Julius Nepos renonça à la défendre et s'enfuit précipitamment par mer, rejoignant sa principauté dalmate. (475)
On sait peu que c'est Julius Nepos, et non Romulus Augustule qui fut le dernier empereur d'Occident. En effet, jusqu'à sa mort, et en dépit de l'élévation à l'empire de ce Romulus, fils d'Oreste, Julius Nepos se considéra comme le seul souverain légitime de l'Empire d'Occident… Cela explique que, quand Julius Nepos s'éteignit en 480, d'étranges rumeurs coururent, prétendant qu'il aurait été empoisonné par Glycerius, son ancien rival devenu évêque de sa ville de Salone.
Il faut dire que la mort de Julius Nepos, dernier empereur d'Occident, arrangeait tout le monde.
Odoacre, le premier "roi d'Italie", qui avait liquidé l'empire romain en renvoyant les insignes impériaux à Constantinople, voyait disparaître sans regrets ce symbole d'une époque révolue. D'autant plus que la mort de Nepos lui permettait de faire main basse sur sa principauté de Dalmatie.
Quant à l'empereur d'Orient Zénon, qui avait succédé à Léon, entériné la fin de l'Empire d'occident et reconnu le pouvoir d'Odoacre, il se considérait sans déplaisir comme le seul et unique détenteur de la puissance impériale. À ses yeux, Julius Nepos n'était guère qu'un usurpateur.
Nombre de puissants personnages étaient donc susceptibles d'inciter Glycerius à verser le poison dans la coupe de Julius Nepos. Certaines mauvaises langues prétendent même que l'évêque, en récompense de son crime reçut l'archevêché de Milan.
Mais rien de tout cela, que ce soit l'empoisonnement de Julius Nepos ou la promotion de Glycerius, n'est historiquement incontestable.